Le beau et le mauvais vélo : quels risques.

A propos de vélo, les discussions entre passionnés portent souvent sur le beau vélo. Cadre en ceci ou cela, rendement, équipement, présentation, marque, etc.
Mais quels désagréments si le cycliste n’est pas bien dessus et s’il s’avère être un mauvais vélo ! Voici comment réduire ce risque.

Prenons l’exemple d’un vélo qui respire la confiance. Il est bien équipé. C’est même un haut de gamme et il a vraiment tout du vélo idéal.

Supposons que le cycliste ait la malchance de ne pas être averti sur des éléments qu’il ne peut pas percevoir ou contrôler. Par exemple les tailles des composants ou la géométrie du cadre qui rendraient impossible le réglage de son beau vélo à sa morphologie. Que de discussions par la suite pour évoquer le problème et tenter de changer ceci ou cela. Comme dans l’histoire du regretté Fernand Raynaud, il y aura “comme un défaut”. On va palabrer sur la postions du cycliste (très grosse erreur) sans oser avouer que le beau vélo n’est pas le bon pour le cycliste, et que ce dernier va devoir s’en séparer ou pour le moins changer de composants parfois fort chers au risque de déséquilibrer l’harmonie du vélo !

Que de désagréments à l’usage, de stress, d’aigreur, sans parler du mal au portefeuille. Car, bien entendu, le beau vélo a coûté une petite fortune.

Oh, qu’on se rassure, si le cycliste est “standard” c’est à dire ni grand, ni petit, et si sa morphologie est ” équilibrée”, c’est à dire s’il n’a pas de dissymétrie buste/jambes/bras/pieds, grand sur jambes ou court sur pattes par exemple, il y aura vraisemblablement moins de 10 % de probabilité d’être dans cette situation.

Mais si le cycliste a le malheur d’être “non standard” … Du reste ne serait-ce pas le cas de nombreux cyclistes ?

Alors gérez votre risque à l’aide de ce que les statisticiens appellent l’espérance mathématique. Vous allez voir c’est finalement assez facile. Ne vous affolez pas avec les formules mathématiques qui vont suivre. A la fin c’est bien plus clair.

Donnez vous les moyens de décider entre 2 solutions :

1. Soit vous prenez le risque d’acheter sans conseil
2. Soit vous faites appel à un conseil en vue de réduire votre risque

Prenez alors la solution qui vous proposera l’espoir d’être la meilleure.

• Estimons le risque d’acheter sans conseil

Supposons que :

Vous ne soyez pas tout à fait dans la norme des constructeurs (ce qui n’est pas une tare rassurez-vous).
Vous estimez votre risque à R%.
Votre “cible vélo” coûte Vvélo €.
La solution à un problème éventuel coûte :
S € si ce sont des composants à acheter et de la main d’œuvre à payer
ou
S € = (Vvélo – Vrevente) € si vous revendez votre vélo

Hé bien, statistiquement, vous avez une “espérance mathématique” de
R% x S € d’avoir un problème financier. De plus, si votre choix vous conduit malheureusement à un “vrai bon mauvais vélo”, il vous en coûtera sûrement S€.

Ce n’est pas clair ?!

Prenons les hypothèses suivantes :

Vos particularités morphologies vous font penser que vous avez un risque d’erreur de 30% . Vous voulez acheter un vélo de 5 000 €. Si, après un usage malheureux de 3 mois, vous êtes dans l’obligation de revendre votre vélo, vous estimez ne pas pouvoir en tirer plus de 4 000 €.

Votre espérance mathématique de malheur est de 30% x (5 000 – 4 000) € = 300 € . Si cela se produit, il vous en coûtera (5 000- 3 000) €= 1 000 €
• Estimons le risque d’ acheter avec un conseil

Supposons qu’un conseil avisé indépendant vous réduise votre risque à RR%, contre une rémunération C €.

Statistiquement vous avez une espérance mathématique de RR% x S € d’avoir un défaut de conseil. Mais il vous en coûtera aussi sûrement C €.

L’espérance mathématique globale d’avoir un problème financier sera donc : RR% x S € + C €

Si malgré les conseils votre choix vous conduit effectivement à un “vrai bon mauvais vélo”, il vous en coûtera toujours le prix de la solution S€.

Reprenons l’exemple chiffré avec un conseil qui vous coûte 100 €. Vous estimez qu’il vous réduira votre risque à 3%.

Votre espérance mathématique est de :
3% x 1 000 € + 100 € = 130 €

Dans ce cas vous avez tout intérêt a prendre le conseil puisque statistiquement vous risquez avec lui 130 € au lieu de 300 € sans conseil.

Retenez la méthode pour prendre la décision statistiquement la moins risquée.

Vos estimations

R%= l’estimation de votre risque, en fonction de vos particularités
S €= l’estimation du prix à payer pour rattraper votre erreur
C € = le prix d’un conseil
RR% = l’estimation de votre risque après conseil.

Le calcul du risque

Risque statistique sans conseil = R% x S
Risque statistique avec un conseil = RR% x S + C

Prenez la solution qui vous promet le risque statistique le plus faible.

Exemples ou la solution sans conseil est la meilleure

R% =10 % le cycliste est “standard” (par exemple taille 174 cm, entrejambe 85 cm)
S € = 150 € les modifications du vélo sont limitées ou le vélo ne coûte pas très cher et/ou la variation entre le prix de vente et de revente est faible.
C € =50 € le conseil n’est pas très cher
RR% = 5 % le risque final du conseil est bon mais pas exceptionnel
Risque statistique solution 1 = 0.10 x 150 = 15 €
Risque statistique solution 2 = 0.05 x 150 + 50€ = 57.5 €
Exemples ou la solution avec conseil est la règle

R% =10 % le cycliste est “standard”
S € = 150 € les modifications du vélo sont limitées ou le vélo ne coûte pas très cher et/ou la variation entre le prix de vente et de revente est faible.
Conseil gratuit,
C € =0 €
RR% = 5 % le risque final du conseil est bon
Risque statistique solution 1 = 0.10 x 150 = 15 €
Risque statistique solution 2 = 0.05 x 150 + 0 € = 7.5 €

R% =40 % le cycliste est assez grand avec de grandes jambes (par exemple taille 185 cm, entrejambe 91.5 cm)
S € = 1 000 € les modifications du vélo seraient importantes (cadre monocoque, pédalier et longueur de manivelles) et vélo coûte cher et/ou la variation entre le prix de vente et de revente est importante.

Conseil très cher
C € =150 € le conseil est très cher
RR% = 2 % le risque final du conseil est très bon
Risque statistique solution 1 = 0.40 x 1 000 = 400 €
Risque statistique solution 2 = 0.02 x 1 000 + 150€ = 170 €

Conseil gratuit,
C € =0 €
RR% = 5 % le risque final du conseil est bon
Risque statistique solution 1 = 0.40 x 1 000 = 400 €
Risque statistique solution 2 = 0.05 x 1 000 + 0 € = 5 €
Quel type de conseil

Pour éviter la grosse erreur la méthode incontournable avant toute décision consiste à estimer vos cotes de position (indépendantes du vélo) et de vous en servir de cahier des charges afin de définir les fondamentaux des catégories de vélos qui vous conviendront.

Gardez précieusement ces cotes de position. Elles constitueront votre carte morphologique cycliste. Pour les jeunes en croissance ou à l’occasion de changement de pratique, réalisez une révision de ces cotes. En effet ces cotes dépendent de votre morphologie (les cotes critiques de votre morphologie pour la pratique du vélo), de votre pratique (compétitions, et types de compétitions, cyclo randonnées, promenades, etc.), de vos attentes (confort performances, sécurité, thérapie, etc.) et de vos contraintes (souplesse, mal de dos, etc.). Cela s”appelle une étude posturale.
Plusieurs méthodes sont possibles. Citons en 3.

• Relever les cotes de position que vous avez déjà expérimentées avec succès, puis dessiner rapidement la géométrie de la gamme de vélo adapté pour en parler avec votre vélociste. Si vous avez l’expérience d’une pratique, il vous faudra quelques heures de relevés puis de dessin avec cette méthode :

Comment dessiner, soi même, le vélo de ses rêves.
10 pages PDF 112 Ko illustré avec schémas complets.
Téléchargez

• Faire appel à un conseil avisé, non préoccupé par la vente d’un vélo. Préférez les conseils de passionnés expérimentés qui sauront prendre au moins une ½h à une 1h de leurs temps. Attention à l’effet “vente”. Le conseil en boutique n’est pas forcement l’endroit idéal de neutralité.

• Le faire sans aucune connaissance : avec les outils de la bibliothèque Pile-Poil libres d’accès, partie Vélo : Y aller

Conclusion:

Une étude posturale, même succincte, est la règle pour disposer des éléments de choix d’un bon vélo. L’ étude posturale permet non seulement de ne pas se tromper de vélo, mais également de cerner les cotes de réglage du vélo au plus près. Le recours à un conseil est souvent utile. Il l’est bien entendu évident dans tous les cas si le conseil est gratuit, de qualité et sans conflit d’intérêt.